Saint-Amand-Longpré : une station d’épuration par filtres plantés de roseaux avec traitement du phosphore
Parmi les actions exemplaires pour l’eau sur le bassin Loire-Bretagne, la commune de Saint-Amand-Longpré (41) s’est distinguée par la construction d’une station de traitement de ses eaux usées par filtres plantés de roseaux intégrant le traitement du Phosphore et protégeant ainsi les sources de la Brenne.
Un système d’épuration vétuste qui dégradait la qualité de la Brenne
La station d’épuration de Saint-Amand-Longpré était vétuste et sous dimensionnée. Elle était prévue pour recevoir les eaux usées de 540 équivalents habitants et la population effectivement raccordée était estimée à 1 200 habitants. Par ailleurs, le système d’assainissement, à 70 % unitaire, apportait un volume important d’eaux pluviales (le débit variait de 40 m3/j à 1800 m3/j), qui engorgeait la station et entrainait de nombreux dysfonctionnements.
Les rejets dans la Brenne, cours d’eau très sensible, ne répondaient pas aux exigences réglementaires.
Les travaux réalisés et la réhabilitation du site
Pour protéger ce milieu sensible, la solution classique aurait été de refaire un réseau séparatif associé à « une boue activée aération prolongée » avec le traitement physico-chimique du phosphore. L’ensemble de ces travaux représentant un coût important pour la collectivité, elle a trouvé une solution innovante adaptée au contexte.
Afin d’apporter une plus-value paysagère et d’intégrer l’ouvrage à l’environnement, un système de traitement dit "rustique" par filtres plantés de roseaux a été mis en place associé à un système innovant pour traiter le Phosphore : "un décanteur lamellaire avec injection de chlorure ferrique ".
Pour recevoir et traiter les débordements du réseau unitaire en cas de pluie, le projet a intégré la reprise des déversoirs d’orage existants. L’ancienne station a été déconstruite et a laissé place à un poste de relevage doté d’un dégrilleur.
Ce projet a été dimensionné pour anticiper le développement communal et ainsi atteindre une capacité de 1 900 équivalent habitants. Le coût de l'opération s'élève à 1,4 million d'euros dont 400 000 euros d’aides de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.
Le rejet n’affecte plus la qualité de l’eau de la Brenne, voire même il l’améliore !
Les résultats d’analyses en sortie station sont très bons, les concentrations en phosphore sont inférieur à 1 mg/l.
Les mesures de suivi réalisées sur la Brenne en amont et aval de la station d’épuration montrent que le rejet n’a plus d’impact sur la qualité de l’eau. On note même une amélioration de la qualité de l’eau sur certains paramètres par dilution : la qualité de l’eau rejetée étant supérieure à la qualité du cours d’eau à cet endroit.
Parallèlement à ce projet, en partenariat avec le syndicat intercommunal de la Brenne, la Commune a participé à la renaturation des abords du cours d'eau sur 600 mètres en amont et en aval du projet.
Mathilde Hoareau
© Jean Louis Aubert
« La collectivité a choisi une filière de traitement rustique, d’exploitation peu contraignante, moins consommatrice d’énergie et avec une meilleure intégration paysagère. Associée à une innovation unique permettant le traitement du phosphore, cette filière a permis de répondre aux exigences de qualité du milieu récepteur. Cette solution technique fiable pourrait être proposée pour les systèmes de petite taille impactant des cours d’eau sensibles à ce paramètre »
Mathilde Hoareau, chargée d’interventions à la délégation Centre-Loire de l'agence de l'eau Loire-Bretagne